Elodie Marandon

Hypnos II

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« On fit comme toujours un beau voyage,
de ce qui n’était qu’un voyage au fond de soi. »
Victor Segalen


Les paysages traversés lors de voyages à l’étranger ont été ma première source d’inspiration. J’étais attirée par les grandes étendues, comme le désert de Gobi, qui donnent ce sentiment infini de liberté, mais peuvent aussi susciter le vertige de par leur immensité. Les longs trajets en bus ou en train pour parfois arriver dans des sortes de no man’s land - ces non-lieux sans trace d’exotisme qui pourraient se situer dans n’importe quelle partie du monde - me ravissaient. J’étais à la recherche d’espaces énigmatiques, étranges. Puis mon travail s’est précisé. J’ai commencé à m’intéresser à des paysages plus remplis, moins arides, à prêter attention aux détails, à certaines formes. Partir loin ne m’a plus paru essentiel, j’ai appris à me servir de mon environnement proche. Il m’est devenu possible, en me concentrant, d’y trouver une matière.
Ce besoin premier d’évasion, généré en partie par des sensations claustrophobiques, s’est transformé. J’ai appris à le contrôler, le maîtriser, et la feuille de papier est progressivement devenue une fenêtre sur l’ailleurs. En parallèle de flâneries dans la nature ou les parcs, j’ai beaucoup fréquenté les muséums d’histoire naturelle et les jardins botaniques, intriguée par la réunion de tous ces végétaux et traces du vivant dans un espace clos et selon une volonté encyclopédique. C’est le fait qu’ils soient sortis de leurs contextes qui leur donne cette étrangeté, comme s’il était possible de défaire la nature pièce par pièce, morceau par morceau. Les éléments qui m’interpellent et retiennent mon attention ont souvent un aspect inquiétant. Ce ne sont pas des objets lisibles facilement, ils se prêtent à ce que l’on y voie autre chose. Il peut s’agir d’écorces, de racines, de pierres, de fossiles ou d’organismes marins délavés, blanchis par l’absence de vie. Ces objets me rebutent souvent à première vue, mais ils exercent aussi une forme de fascination. Je tente de les apprivoiser, comme on apprend à dominer ses peurs, et cela constitue mon moteur. C’est cette frontière, ce passage étroit entre ce que l’on trouve beau et ce qui fait frissonner que je recherche. Je m’amuse avec l’ambivalence de mes modèles, entre attirance et dégoût. La nature première du sujet que je dessine ou peins n’est pas ma préoccupation principale, j’essaie même de l’oublier, de façon à ne plus me concentrer que sur sa matière, ses lignes et ses formes, et finalement jouer avec ce qui se produit sur le papier. C’est une lente divagation dans laquelle je lâche prise et me laisse porter. Au fur et à mesure, je me détache de l’image qui a servi de déclencheur, et me focalise sur ce qui se passe sur la feuille.Les matériaux dont je me sers sont simples et légers, et mes compositions ne sont pas préméditées. Les accidents, tâches, liés à la fragilité des matériaux font partie de mon processus de production. S’il peut se dégager une simplicité, un certain apaisement de mes travaux au premier abord, quelque chose de plus trouble s’en diffuse dans un second temps.